Patrick DELVERT
Candidat du POI aux élections législatives des 10 et 17 juin 2012 de la 1ère circonscription de Seine et Marne
Au Conseil d’Administration de SaDur (Soutien Associatif Des Usagers Révoltés),
Association des usagers du RER D, Mesdames, Messieurs,
Je fais suite au questionnaire adressé aux candidats aux élections législatives 2012, ce questionnaire m’est parvenu par l’intermédiaire de notre blog
http://poi77melun.wordpress.com/.
Je suis candidat du Parti Ouvrier Indépendant, qui présente 106 candidats à ces élections législatives, mais n’ayant que peu l’occasion d’être « invités » dans les médias.
Sur le fond du problème, l’amélioration des conditions de transport, particulièrement pour les usagers du RER D, nous sommes d’accord.
Concernant la mise en œuvre de ces demandes et la possibilité de les voir aboutir, je pense qu’une réflexion plus importante est nécessaire.
Tout d’abord j’attire votre attention sur le fait que dans la Vème république, les pouvoirs des députés sont limités ; ils n’ont pas la maitrise de l’ordre du jour de l’Assemblée Nationale et le gouvernement dispose de tout un arsenal de lois pour faire passer ses propositions.
Donc le retour à une véritable représentation des populations au travers de députés disposant de pouvoirs réels est nécessaire pour appuyer le combat à mener et sur bien d’autres sujets.
De là la position du POI se prononçant pour une assemblée constituante souveraine mettant fin aux institutions antidémocratiques de la Ve République.
D’autre part, l’Union Européenne fait peser un carcan de directives sur les pays membres qui amènent par exemple en France, l’Assemblée Nationale à consacrer plus de 80% de son activité à transposer en droit français les directives européennes. Lorsque l’on connait le poids des lobbies pétroliers auprès de Bruxelles, on est en droit de s’inquiéter sur le type de directive qui peut en sortir et de leurs implications sur le transport public ferroviaire.
Les termes mis en avant par l’Union Européenne : « libre concurrence », « libre circulation des idées et des marchandises » laissent la porte ouverte à toutes les initiatives privées, notamment des compagnies pétrolières, mais désavantagent les services publics.
Cette situation risque de s’aggraver avec le nouveau traité de Bruxelles (TSCG – Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance dans l’Union monétaire européenne), s’il est ratifié dans les semaines qui viennent, car il met une chape de plomb sur les budgets des états avec contrôle européen et sanctions. Dans ce contexte, les fonds qui pourraient être affectés au service public du transport ferroviaire (la SNCF), le personnel au statut nécessaire, risquent fort d’être sacrifiés sur l’autel du remboursement de la dette.
C’est pourquoi les combats que nous menons pour la rupture avec l’Union Européenne, le retour à la démocratie ne sont pas éloignés, au contraire, des préoccupations de défense des populations en matière de transports publics.
Bien sûr dans l’attente d’une évolution plus profonde dans le pays, des mesures immédiates sont à prendre.
Voici donc une réflexion sur les quatre aspects soulevés dans votre document :
1 - Quelle est votre perception du RER D ?
Tout d’abord, je suis usager quotidien du RER D, qui comme vous l’avez souligné, a été reconnu en 2011 comme étant une des 12 lignes malades de la SNCF. Je connais donc les défauts de ce trajet que j’emprunte au départ de Melun avant 7h15 jusqu’à la gare de Stade de France-St Denis où je travaille et au retour, le plus souvent après 18h30.
Par ailleurs, étant cheminot dans les services de l’Infrastructure, je connais aussi les contraintes du transport ferroviaire en France, mais aussi ses avantages actuels, dont le coût, à comparer par exemple à celui de la banlieue de Londres qui est le double du nôtre, à cause des sociétés privées...
2 - Selon-vous, la ligne peut-elle être améliorée ? Si oui, de quelle façon ?
Grâce à votre site, j’ai pu consulter vos propositions qui sont souvent intéressantes.
Toutefois, je vous confirme que les infrastructures actuelles ne sont plus à la hauteur des besoins, encore moins des besoins futurs. La demande de transport ferroviaire par la population grandit continuellement et les infrastructures doivent être redimensionnées.
Ainsi, un second tunnel supplémentaire entre Châtelet-Les Halles et Paris-Nord, prévu dès le projet initial dans les années 70, mais abandonné par soucis de réduction de coût, s’avère aujourd’hui indispensable. Son coût avait été estimé dès le projet initial et reste à vérifier aujourd’hui.
Pour ce qui concerne les équipements, des escaliers mécaniques et des ascenseurs PMR (notamment en gare de Melun) devraient être installés. En Gare de Lyon, comme à Melun, les escaliers trop rares sont maintenant sous-dimensionnés. A Melun, un autre souterrain d’accès aux quais est possible. A la gare du Stade de France, les passerelles d’accès aux quais peuvent être couvertes, afin d’arrêter les glissades par temps humide ou froid.
Pour ce qui concerne l’accueil avec réouverture des guichets uniques pour les billets RER / Grandes Lignes, l’information des usagers et la présence dans les trains, l’embauche de personnel supplémentaire au statut est nécessaire.
Pour ce qui concerne le matériel roulant, le renforcement de la maintenance permettrait de palier les défections et d’éviter ainsi les suppressions de trains... Le remplacement des rames « petits gris » par des rames double étage devraient être d’un confort du 21ème siècle (climatisation,...).
Enfin et prioritairement, les disfonctionnements issus des différents éclatements de la SNCF, notamment par la séparation de RFF (Réseau Ferré de France) en 1997, ayant désorganisé le système ferroviaire, doivent être annulés par la remise en place d’un monopole public d'état à la SNCF et l’abrogation de RFF. Le passage de trains privés voyageurs et marchandises ayant priorités sur les trains publics, sous peine d’amende, est un non sens.
3 - Quels seront vos engagements en tant que député pour l'amélioration du RER D ?
L’abrogation des lois créant RFF, issues des directives européennes 91-440 et suivantes, séparant la propriété des voies ferrées de la SNCF, avec le retour au monopole public d’Etat des transports ferroviaires à la SNCF.
Lois de financement pour le développement des infrastructures ferroviaires (voir points ci-dessus, dont doublement du tunnel de Châtelet à Paris-Nord, aménagement des gares, remplacement et maintenance du matériel roulant, embauche de personnel au statut, garant de la sécurité des usagers).
4 - Que pensez-vous des actions liées aux RER de la législature précédente ? Quelles suites comptez-vous y donner ?
Les actions de la législature précédente ont été destructrices pour le service public ferroviaire de la SNCF, privilégiant les privatisations au profit d’actionnaires, sous couvert de la « concurrence libre et non faussée » de l’Union européenne. Les lois de décentralisation ont amplifié les méfaits des directives européennes.
Par ailleurs, je tiens à attirer l’attention des usagers et des contribuables sur l’avenir du STIF au regard des appétits de la Société du Grand Paris.
Pour conclure, je tiens à préciser que les « organismes indépendants » sont forcément financés par des structures, souvent des émanations de grands groupes financiers qui font du profit sur le dos des populations en difficultés. Je crois par compte à la création ou au renforcement d’un corps de fonctionnaires assermentés, dotés de pouvoir, mais cela renvoie à la politique de diminution d’un fonctionnaire sur deux dans les corps de l’état et des réductions budgétaires traitées en tête de cette réponse.
Je conçois ma réponse comme une contribution au combat de défense des populations et par-delà les élections législatives nous aurons, je pense, l’occasion de nous rencontrer pour approfondir ces questions.
En espérant avoir répondu à vos attentes, et en vous encourageant à poursuivre votre lutte pour la défense des usagers, je vous prie d'agréer, Mesdames, Messieurs les membres du Conseil d’Administration de SaDur, nos salutations républicaines.